Le mac et la pute

Bonsoir mademoiselle,

Vous ne me connaissez pas et je vous connais à peine. Cela me semble donc idéal pour entamer une petite conversation sans aucune prétention. Pour passer le temps en somme.

Voyons voir...

Et vous mademoiselle, quels sont vos fantasmes? Si tant est que vous en ayez, votre ton et vos propos me laissant penser que vous êtes sans espoir... Intéressant de connaître les fantasmes de chacun pour aider à le cerner. Et jusqu'ici, à part votre phrasé lent qui laisserait supposer que vous êtes une junkie, pas grand chose à se mettre sous la dent.

Allez y, plombez mon atmosphère, au point où j'en suis...

"Junkie, comme tu y vas. S'il suffisait de parler lentement, hein, pour être un coussin à seringues, je connais un paquet de débiles, dont j'ignore les noms, qui doivent s'en envoyer directement dans le cerveau en passant au travers des yeux.

Suffit de se brancher sur la radio générale pour s'en convaincre.


Mais ça, en fait, on s'en tamponne, hein Lujbica? J'aime ton nom, il est simple et chantant. J'espère qu'il te plaît à toi aussi.


Hm. Mes fantasmes, c'était ça la question? Oui. J'esquive la connotation sexuelle, tu m'en voudras pas, j'imagine que tu n'en as rien à foutre.



La mort de l'Ordre. La destruction de toute forme de hiérarchie qui ne soit pas naturelle. C'est ça, mon fantasme. N'avoir de compte à rendre à personne, jamais, profiter de chaque instant, de l'hédonisme à cent à l'heure. Cueillir le plaisir là où il se trouve et faire rendre gorge à tous ceux qui pensent pouvoir me contrôler.


Existe t'il un sentiment qui soit plus ennivrant que l'absolue liberté? Hein? On vit au jour le jour, on jouit. C'est le coeur du salut, le seul avenir viable! Ahah! Oui! Ahahah!


A toi! Dis moi tout! Ton fantasme le plus malsain, celui qui te fracasse les tempes de l'intérieur. Incontrôlable, compulsif, jouissif. Allez, Ljubica, pour une fois que j'ai envie d'en savoir un peu plus sur quelqu'un, ne me fais pas languir.

J'en grille une en attendant .."

Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa!

J'suis pourtant persuadé qu'tu doit t'envoyer régulièrement de la poudre d'ange par intraveineuse ma jolie. Et s'pas pour me déplaire. Vivre à fond et pas longtemps pour ne pas voir l'monde dégénérer, ça c'est mon concept.

D'ailleurs, puisqu'on parlait d'fantasmes, mettre la main sur un stock de poudreuse, j'irais pas cracher d'ssus. S'remplir les narines d'la mort incandescente et s'atteler à l'enfance d'l'art.

T'vois c'que j'veut dire ma jolie? Prendre un zombie à califourchon et lentement le torturer. Hum.... On commence par les scarifications. Puis on découpe quelques membres mineurs pour les déguster nature. Avant de leur ouvrir le ventre proprement pour jouir dans leur intestin. L'important, c'est de ne pas en perdre, pas vrai?

Voila c'qui m'fait fantasmer. Parce qu'ici, j'ai rien à m'mettre sous la dent, et ça m'énerve PASSABLEMENT.

Satisfaite?

"Un fantasme dans la tradition de l'art. Puissante projection de l'esprit depuis l'imaginaire sur le réel. Mais tu ne m'en dis pas suffisament!


Pourquoi te cantonner à un simple zombi? La chair vivante, les spasmes de douleur, l'auréole de sang qui imbibe les fringues et rajoute une touche circulaire et coloré sur l'Oeuvre. Entendre les hurlements de douleur, détresse et désespoir entremêlés. Sentir l'effroi et la souffrance imprégner la victime comme la bile imbibe la serpillère à jamais insatiable. Et continuer de frapper, sans répit, jusqu'à s'en péter les articulations! Cogner! Frapper! Sentir les os craquer, voir la chair s'ouvrir et vomir ses coulées de sang! Ahah! Oui! Et cogner! Et frapper encore, encore et encore! Ahahaha! Ouihihi! AhahaAHaahaHA! Et lui ouvrir le crâne à coup de pier..."


Un instant, le silence.



"Hum. Pardon, Ljubica. Mais, nous parlions de fantasmes, et le tien m'à ouvert l'esprit. Une sorte de coït intellectuel, hein. Pas désagréable. Je crois que je t'apprécie.

Ah .. heu .. Et sinon, pour le shoot, j'espérais trouver de quoi m'envoyer un peu en l'air à l'Arkham mais je n'ai rien vu qui fasse l'affaire. Mais peut-être rentres tu bientôt au bercail?"

*petit ricanement*

Je croyais qu'on parlait de fantasme, pas de jouissance sexuelle. Or, il me semble que vous vous êtes caressée durant cette petite tirade. A moins que vous ne massacriez autrefois par pur intérêt professionnel.

C'était mon cas...

Oui, j'évoquais de simples zombies car je ne doit pas retomber dans la tentation... J'étais esclavagiste. Un putain de bon esclavagiste. Capturer des minables. Les asservir. Les torturer. Les convoyer d'un point à l'autre du désert dans des caravanes purulentes ou les gens crevaient en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. J'aimais ça.

*voix qui s'énerve dans un tonnerre fanatisé*

J'aimais l'odeur d'urine que ces chiens galeux répandaient par peur pour leur sort! J'adorais le bruit du fouet qui claquait sur des peaux tendues par le soleil, le sable et le plastique! Je bénissais les cris de souffrance des gamins que j'égorgeais sous les yeux de leurs parents pour voir s'éteindre la lueur dans leurs yeux!

*silence soudain*

Ah c'était le bon temps. Mais je me suis juré d'abandonner cette... "carrière" pour d'autres plaisirs. Si je veut défendre cet art de vie qui ne prospère que dans un univers dévasté, il va bien me falloir abattre les ordres naissants!

*bruit de briquet qui s'allume. Flamme qui prend. Lente aspiration*

Veuillez m'excuser, ma pipe à plastique. Une fidèle compagne sans laquelle il aurait été difficile de tenir... Je le prend souvent par ce canal d'ailleurs. A défaut de trouver sufisamment de seringues pour me l'injecter. Devriez faire pareil d'ailleurs, plutôt que de chercher d'hypothétiques stocks de poudreuse dans la remise d'Arkham...

Ou chercher votre serviteur, puisqu'il semblerait que vous ne m'ayez pas trouvé... A ce propos, je ne crains que je ne puisse accéder à votre requête... A moins que vous ne désiriez me rejoindre dans mon enfer quotidien...

"Hey, oublie le vouvoiement, ça me met mal à l'aise. Enfin, j'aime ta façon de voir le monde. Elle est si poétique."


Amusant, on dirait qu'il n'y a pas la moindre trace d'ironie dans le ton employé par la jeune femme.


"Chacun des membres de ce projet KO a ses propres motivations. Mais tu as de loin les plus intéressantes. Elles rejoindraient presque mes convictions, en fait."


Un bruit soudain de chute d'objets. Brouaha terrible dont la justification est à suivre.


"Quel bordel ce truc ... Ah, tiens, un coin de plaque en vinyl. Chouette, ça. Bon, il est carrément crade mais ça fera l'affaire .. M'en vais m'essayer à ta méthode, Ljubica. Ca a l'air d'être efficace, et en ce moment j'en ai un putain de besoin. J'ai plus de bang, donc j'vais sniffer directement à la source .. Un bout de tissu sur le crâne devrait faire l'affaire..



Le temps que je retrouve mon feu, en fait .. Et tu me dis que tu es en voyage? Si c'est pas trop loin de l'Arkham, ça me ferait plaisir de voir ta tronche. J'aime mettre des visages là où il n'y a que des mots."

Hum...

Avez-vous mérité que je vous tutoie? Je ne sais pas vraiment... Après tout, un tutoiement, c'est la quintescence de l'échange. Le Saint-Graal pour les chrétiens. Le death trip pour les junkies. Le sexe de Rocco Sifreddi pour les pornophiles...

Ce n'est pas parce que nous avons sniffé des rails de plastique fondu par radio interposé que nous avons gardé les moutons ensemble.

Il va falloir le mériter ma jolie princesse... Que m'offrez vous en échange de mon tutoiement? Vos charmes? Hum, nous avions dit pas de connotations sexuelles. Vos fantasmes? Déjà fait il me semble. Votre présence? Il va vous falloir traverser quelques lunes de désert supplémentaire, mais pourquoi pas puisque vous devriez être en charmante compagnie...

Mais il me semble que vous ne m'avez pas rendu la pareille par ailleurs... J'aime bien savoir d'où sortent les... bécasses - ne le prenez pas mal, c'est affectueux pour moi - avec qui je tchatche. Alors... quel est votre passé. Je vous écoute, bercez de votre douce voix les minutes d'ivresse que ce shoot de plastique va m'offrir...

"Ah, c'est le moment fatidique où la discussion devient désagréable.



Je ne m'offusque pas du bécasse, aisément remplaçable par pétasse, du reste. Non, non, ça je m'en fous. Néanmoins, et c'est là que le chaton tombe dans la marmite, pourquoi remettre l'éternelle question du passé sur la table?

Je ne te l'ai pas posé cette question, et il y avait une raison. Et la raison est simple : Ce qui est fait est fait et on fera notre possible pour l'oublier. Parle moi d'avenir, mais plus jamais du passé.



Ah, ça y est, je sens que je suis encore en colère pour queue dalle. Bon, plutôt que de provoquer un incident diplomatique par 'radio interposé', je me conteterai d'éteindre ce fichu poste et d'aller m'en envoyer une en solo.


Je te dirai bien d'essayer de ne pas le prendre pour toi, mais je sais d'expérience que ça ne servirait à rien. A bientôt quand même, Ljubica .."



*Clic*

Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa!

C'est le moment ou la princesse offusquée se rebelle. Simple poussée de fièvre passagère ou vraie rebuffade qui dure? Allez savoir. En tout cas, n'hésite pas à ... provoquer des "incidents diplomatiques" avec moi, c'est justement ce qui me fait jouir le plus.

Un digne représentant du sexe faible qui me houspille et tempête, ça m'donne faim. C'que la drogue ne me provoque plus. Et j'aime bien avoir faim, surtout lorsqu'j'ai une côte de zombie sous la main. Un vrai plaisir... Même que des fois j'insulte Emeline volontair'ment rien qu'pour pouvoir m'branler lorsqu'elle éructe.

Hum, j'en ai des frissons! Tssssssssstt *bruit de frisson*.... "Incidents diplomatiques". Ouep, j'aime bien l'expression.

Bon ma petite, cette petite disgression achevée, j'te demandait pas d'retracer ta route jusqu'ici. Qu't'ai pas eu une vie heureuse, j'm'en doute figure toi. Regardons les choses en face : qui a eu un chouette passé? Voyons...

*prends des voix successives et volontairement ridicules*

"J'me suis réveillé un matin et le monde était dévasté..." "J'étais tranquille dans mon bunker quand un éboulement a écrasé la moitié de ma famille..." "On était quelques survivants quand des barbares sont venus nous massacrer."

Chouette...

C'est justement en sachant cela qu'on sait ne plus quoi reproduire. Qu'on sait pourquoi on doit détruire toute forme de civilisation. Qu'on rebatit sa vie en effaçant progressivement ses traces de pas.

Allez ma petite, dégorge le poireau si t'en es capable. Et rapplique ici qu'on s'en envoie une sur la même table!