effluves dorées

*Ses doigts tapotaient sur la paillasse défoncée qu'ils avaient trouvé dans le désert et dont il se servait pour s'envoyer ses rails de plastique. Ses projets prenaient forme. Ils lui avaient demandé pas mal d’effort, mais il pensait pouvoir en récolter les fruits. Il avait envoyé ses propositions voilà plusieurs heures. De manière individuelle. Par considération pour les personnes concernées. La considération, c’était important lorsque vous deviez quémander. Il attendait un retour, le cendrier se remplissant à vue d'oeil. La moisson était déjà bonne. Il était satisfait. Vu l'heure, il n'aurait pas de réponses supplémentaires avant le lendemain, il pouvait donc s'offrir un petit plaisir personnel.

Lentement et délicatement, il racla avec son opinel la surface dorée de l'énorme morceau de plastique que Papillon lui avait ramené. Avec le temps qu’il passait à la mine à s’esquinter le dos sur ce fichu fer, il n’avait plus le temps de chercher ses doses lui-même. C’était fou… Qui aurait cru qu’un jour ce dandy aux mains blanches se mettrait à creuser la terre pour en extraire des pépites de fer ? Avec minutie, il broya le résultat obtenu à l'aide d'un petit pilon et l'étendit sur la surface polie en plusieurs rails. S’il y avait quelque chose pour lesquelles ses mains devenues calleuses étaient précises, c’était bien pour constituer des mélanges douteux fabriqués à partir des pires saloperies trouvables. Le sourire aux lèvres, il se dit que dans une autre vie, il aurait fait un parfait petit chimiste…

"Tchic" fit son briquet. La flamme partit brutalement, brûlant le plastique fondu à la vitesse de l’éclair et émettant une fumée âcre et noirâtre. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il avait aspiré les effluves empoisonnées. Elles se répandirent dans ses poumons et atteignirent son cerveau en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. L'oeil hagard, l'esprit en vadrouille, c'est à ce moment qu'il perçut une voix au petit accent qui ne lui était pas familière. Putain, elle tchatchait la meuf, mais que disait-elle ?

Avec effort, il alluma le bouton de sa radio et murmura*

Merveilleux, petite, merveilleux...

*Et il s'effondra sur le sol dans un fracas de chaises digne du tonnerre. Putain, il était vraiment fracassé à ce point pour se rouler dans cette crasse sans nom ? Quelle loque…*

Crhhhhhhhrsshiiiiiiittttttttttt.....

HJ: la mafia gourangesque anti-drogue ne passera pas!