Emeline revenu de son périple dans le sud s’était replongée dans l’atmosphère Arkhamienne comme un poisson dans l’eau.
Elle retrouva sans problème le squat qui lui avait servit d’abris durant son premier court séjour dans la ville.
C’était maigre (Une bâche, une corde un arbre…), pas solide et carrément en bordel à l’image de sa propriétaire.
Elle avait déposé sa besace déchiré là en haussant les épaules et s’était dirigé vers l’Arkhabar, avec la ferme intention de se défoncer par tous les moyens pour fêter son retour.
Ce fut une véritable réussite !
Elle avala tout ce qui lui passa à portée de main : Plastique Champignons, Alcool à l’aspect douteux, Whisky, Alcool à l’aspect encore plus douteux que le premier…Et ainsi de suite…
Elle se ridiculisa en passant un appel radio à Ljubica ivre morte ; devant la moitié du bar qui nota bien comment elle avait brisé avec rage une chaise durant la conversation .
Et puis fatalement elle s’était retrouvé titubante dans les rues sinueuses de la cité. Elle avait rampé jusqu’à son abri de fortune.
Pas trop mal en été…. Désastreux avec l’hiver naissant !
Elle fut réveillée par une brise glaciale et un timide soleil. Avec l’haleine et la grimace propre à une bonne gueule de bois elle se releva péniblement, grelottante et de fort mauvaise humeur. La bâche s’était envolée pendant la nuit et son misérable abri ressemblait désormais à un vulgaire tas d’ordure sur lequel on aurait entassé un cadavre.
Elle soupira.
Même si elle ne devait passer que quatre lunes à Arkham, elle n’allait pas pouvoir le faire ici. Elle aurait put survivre… Mais elle n’acceptait pas que sa fille dorme dans des conditions pareilles ! Hors de question.
Elle alla sortir sa poupée de chiffon qu’elle avait enmitoufé avec grand soin dans sa toile de tente et l’a pris dans ses bras.
- Ma grande on met les voiles. Ca craint ici, Maman va nous trouver quelque chose ! Ne t’en fait pas !
Elle fouilla ses poches trouva un vieux mégot qu’elle ralluma avec difficulté puis se dirigea vers la baraque de Gourounga.
Elle reconnu Joe et lui lança provocante …
- Tiens ta cheftaine te laisse sortir tout seul ! Ne rentre pas trop tard tu risque de te faire gronder !
Elle ricana entre ses dents et sans attendre de réponse de sa part s’engouffra dans l’habitation du grand noir. Elle en ressortit aussi vite.
- Hey mec, tu sais ou elle est notre armoire à glace de compétition, j’ai comme des revendications urgentes à faire là !
Il lui indiqua la tôle d’à côté d’un signe de tête et elle s’y précipita.
Elle entra en trombe dans la pièce, sans prendre la peine de frapper et se planta devant l’imposant homme coupant net la conversation. Elle jetta un rapide coup d’œil à la fille allongée dans le plumard puis commença à hurler façon militante en manifestation !
Le flot de parole ainsi généré était d’une rapidité effarante !
- Gourounga je suis bien contente de te trouver ! Voilà des lunes et des lunes que je cavale dans le désert pour vous récupérer des flingues et buter des gens que je ne connais même pas, certes ça ne me dérange pas et même je m’en branle mais tu te doutes bien que pendant ce temps là il n’y a pas de château qui a poussé à la place de la poubelle qui me servais de logis ! Ben non ! Et devine qui se pointe à vitesse grand V ? Notre bon ami l’hiver et son lot de fantastiques divertissements, j’ai nommé : Pluie grêle, neige, froid, froid et RE-FROID ! La totale quoi… Et moi je suis dehors avec une toile de tente troué et ma pauvre fille qui se caille les miches !
Pour résumer on est à poil et à la rue, t’avoueras que c’est pas exactement le tableau que tu m’avais dressé quand je me suis engagé dans le projet KO !
Désignant du regard la fille sur le lit elle rajoute
- Comme je vois que tu as l’air de faire dans le sociale peut être que tu pourrais continuer sur ta lancée et me trouver un coin pour crécher ?
Elle se dresse sur la pointe des pieds pour essayer d’arriver à la hauteur du géant et prend un air menaçant. La différence notoire de taille ne semble pas lui faire peur. Sacré caractère…
Puis son visage se détend soudainement et elle demande de façon beaucoup plus anodine.
- Mais au fait c’est qui cette nana ? C’est elle ta pute ?