Journal de bord

[Merci de ne rien poster derrière, c'est une saga ]

Lune 87, an 2 : L'armateur perdu

Tempête. Température : -6°

Jour 1 :
Le transfert est terminé. Je suis rassuré, le chariot est maintenant plus léger. Bug repart vers GZ avec sa pirogue, Tariq va faire la traversée avec nous. Ulrich et moi passons notre temps à observer la glace et à écouter le moindre craquement. L'idée de se retrouver transformé en gigot surgelé n'inquiète pas Tariq, qui se contente de dormir, roulé en boule à l'arrière. Ce soir nous nous sommes arrêtés sur ce qui semble être un récif, c'est plus sûr.

Jour 2 :
Tariq est toujours aussi pénible. Il passe son temps à chantonner. Au moins il ne s'amuse pas à nous harceler. Nous avons atteint l'île au milieu du fleuve, et sa traversée s'est révélée relativement facile. Il a tout de même fallu doubler les chaussons des chevaux. L'île est plane mais très rocailleuse. Puis nous avons repris la traversée, à pied cette fois. La glace semble fragile par ici, et nous nous relayons pour vérifier la solidité de la couche de glace devant le chariot. Nous avons parcouru le plus de distance possible, mais nous ne pouvions pas atteindre la côte avant la tombée de la nuit. Cette nuit nous campons sur la glace. Pas de feu. Ulrich a pris le premier quart et je viens de le relayer. Il faut garder l'oreille aux aguets. Le moindre craquement peut signifier un bain froid définitif pour tout le monde.

Jour 3 :
Grosse frayeur. Les dernières centaines de mètres ont failli nous coûter cher. Une crevasse s'est formé à quelques mètres du chariot, et il a fallu partir au galop de la zone qui commençait à totalement se désagréger. Nous avons fait les derniers mètres les pieds dans l'eau. Sauf Ulrich qui était dans le chariot. Après toutes ces émotions nous avons fait un énorme feu et fêté notre retour sur la terre ferme. Je n'ai pas trop aimé la façon dont Tariq m'a serré dans ses bras, mais je mets ça sur le compte de la joie d'être en vie. Nous ne bougerons plus aujourd'hui.

Jour 4 :
Après notre périple sur glace en chariot, se déplacer dans la neige semble presque facile. Nous avons parcouru plus de deux lieues et demi. Il a fallu s'arrêter pour reposer les chevaux. Fricassée boite, je suis inquiet. Demain nous devrons nous mettre à la recherche de Jool. Et dire au revoir à Tariq, qui repart pour GZ. J'espère que le retour sera moins difficile pour lui.

Jour 5 :
Je ne connaissais pas bien Jool. Elle vient d'Arkham mais nous n'avions jamais eu l'occasion de discuter. C'est une femme énergique, organisée. Un commandant-né. Lily doit être contente de l'avoir comme équipière. Fricassée n'a finalement rien de grave, il semble s'être foulé un muscle, ça devrait passer. Tariq n'a pas fait de cinéma pour une fois. Après avoir pris quelques vivres il s'est remis en route vers le nord, sans un mot. Sa mission est terminée, il rentre à GZ. Nous avons traversé une épaisse forêt avec une surprenante facilité, mais cela m'a mis sur les genoux. Mes compagnons vont manger froid ce soir. Je vais me coucher.

Jour 6 :
Nous avons déjà quitté notre puisatière de génie après lui avoir confié le chariot. Elle nous a laissé la plus grande partie de l'eau qu'elle a récolté. Lily la rejoindra d'ici deux jours.

Jour 7 :
Ulrich et moi avons dû nous séparer. Lily a mentionné un lieu où elle aurait caché quelques kilos de fer. Rien d'énorme, Ulrich devrait s'en sortir seul. Je continue tout droit. J'irai moins loin que lui aujourd'hui, la conduite du chariot toute cette lune m'a épuisé. On doit se retrouver demain. La chaleur des chevaux me manque, je suis abrité du vent mais le feu est très faible.

Je viens d'avoir Ulrich à la radio. Il a rejoint Rudriko et l'a ravitaillé. Rudriko lui a indiqué où il avait échoué le bateau. C'est une pirogue de bonne taille sur laquelle il a effectué quelques réparations. Elle devrait tenir le coup sur de longues traversées pour peu qu'on évite les grosses tempêtes. Nous approchons du but.


[Aux personnes évoquées dans ce récit : si vous voyez quelque chose qui vous déplait -> mp]

Lune 88, an 2 : trésor de l'ancien temps

Tempête. Température : -5°

Jour 1 :
Parti tôt ce matin. L'isolement me fait déprimer, j'ai parcouru plus d'une lieue en longeant le marais. Je reste en contact avec Ulrich mais pour l'instant je suis trop loin pour apercevoir son campement.

Jour 2 :
J'ai trouvé facilement le campement d'Ulrich et Rudriko. Quand on fais brûler du bois humide forcément... A peine mes paquets posés ils ont tenu à m'emmener sur une colline qui surplombe le marais au nord. Au milieu d'une zone inondée on y voit ce qui reste d'un vieux camion de transport de marchandise. D'ici il semble planté dans la tourbe à 45°. Rudriko doit partir rejoindre Lily, mais Ulrich tient à aller jeter un oeil à l'épave, il part donc dès demain en expédition. Je resterai pour surveiller le camp.

Jour 3 :
Ulrich est parti presque sans vivre pour ne pas se surcharger. Il a tout de même gardé son arme mais je ne suis pas tranquille. Rudriko a fait son sac. Il partira demain. Je lui ai donné une partie de mes réserves ainsi que le fer qu'Ulrich a ramassé. Je ne sais pas ce que lui fait Lily mais il avait l'air pressé de la retrouver.

Jour 4 :
Je prévoyais de lever le camp en même temps que Rudriko et partir vers l'ouest où j'allais donner rendez-vous à Ulrich. Mais le bougre est rapide, il est revenu en fin d'après-midi avec ses trouvailles. En plus des morceaux de plastique habituels il a trouvé des bouteilles d'un liquide douteux, un coussin qui pue le moisi, un vieil outil rouillé, un rouleau de fil de fer, une pile de...carte téléphoniques, et le volant du camion. J'ai réussi à le convaincre de jeter la plupart de son butin, on ne peut pas s'encombrer avec des bêtises. Le vieux marteau et le fil de fer peuvent servir à réparer la pirogue si nous l'atteignons un jour, et les bouteilles même si leur contenu est sans valeur peuvent servir à pas mal de choses. J'ai rappelé Rudriko qui étai encore dans la région pour qu'il emporte une partie de nos trouvailles.

Jour 5 :
RAS. Il fait froid. Pas moyen de trouver du bois dans cette *mots raturés* plaine.

Jour 6 :
Me suis tordu la cheville en ramassant du bois. Saison pourrie. Ca va retarder notre départ.

Jour 7 :
Ma cheville va mieux. J'ai bien fait de prendre Ulrich dans l'équipage, il a des notions de médecine qui seront utiles. Nous allons repartir dès demain, mon compagnon de route a insisté pour porter le plus gros sac, il trouve que je boîte encore un peu trop.

Lune 89, an 2 : la mer... qu'on voit danser geler le long des golfes clairs

Tempête. Température : -5°

Jour 1 :
Rudriko doit être loin maintenant. Nos sacs sont légers et nos estomacs aussi. il faut absolument que je trouve à manger. Les ratons-laveurs d'aujourd'hui n'ont pas calmé les gargouillis qu'émettent nos ventres avec insistance.

Jour 2 :
Nous avons parcouru une lieue en deux jours. Nous sommes bien trop faibles pour nous permettre une marche forcée cette lune. Où que nous soyons dans trois jours on s'arrête.

Jour 3 :
RAS. C'est mon tour de me rationner. Pas de tisane fortifiante aujourd'hui. Ulrich a mauvaise mine et je pense que moi aussi. Mais nous y arriverons.

Jour 4 :
Nous ne sommes pas d'accord sur la distance parcourue. Peut-être est-ce la faim qui nous fait délirer. Le marais que nous longions a fait place à la mer. Ou du moins une étendue d'eau gelée. On va continuer demain dans la direction que Rudriko nous a donné, et basta.

Jour 5 :
Le campement est installé pour les trois prochains jours. ca fait du bien d'être au chaud : cette fois on a pu s'installer entre des buissons à l'abri du vent, faire du feu, et... c'est tout, toujours rien à manger.

Jour 7 :
RAS. Nous repartons demain matin. J'espère que Rudriko n'a pas trop bien camouflé la pirogue.

Lune 90, an 2 : C'est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau...

Tempête. Température : -3°

Jour 1 :
Nous avons suivi la côte sur une lieue, et un nouveau marécage est apparu comme Rudriko nous l'a décrit. Nous le contournerons demain.

Jour 2 :
Marais contourné, la pirogue doit être dans le coin, mais il fait trop sombre pour qu'on tente de la chercher aujourd'hui.

Jour 3 :
Rien trouvé à cuisiner encore aujourd'hui. Deux malheureux écureuils qui hibernaient ont fait les frais de ma rage. Rudriko vient de rentrer, sa chasse aux plantes médicinales est un peu meilleure. Il me dit qu'il a aperçu une "chose" pas loin de l'eau.

Jour 4 :
On l'a trouvé ! Le PNS Anarchy est là, devant nous. Nous l'avons nettoyé et essayé de le retaper, mais il est vraiment dans un sale état. On fera des essais de flottaison demain dans le marais.

Jour 5 :
Ca flotte. C'est pas très stable mais ça flotte. En plus j'ai trouvé une demi-douzaine de crapaud congelé, un va se régaler. L'Anarchy a eu droit à un baptême à l'alcool de betterave. Si ça dégèle demain on peut partir.

Jour 6 :
Ca n'a pas dégelé. On continue les réparations.

Jour 7 :
Ca n'a pas dégelé. *on devine des jurons scato-culinaires sous les ratures*

Lune 91, an 2 : Embarquement

Nuageux. Température : -7°

Jour 1 :
Toujours pas de dégel. Le vent s'est calmé mais il fait encore plus froid.

Jour 2 :
Je crois que ce n'est pas encore cette lune qu'on pourr appareiller. Ou à la limite en faisant glisser la pirogue sur la glace. Ca se tente.

Jour 3 :
Nouvel essai de navigation dans le marais. Les réparations ont tenu le coup, on arrive presque à maintenir un cap. Un barrage de castors en a fait les frais. Délicieux le castor d'ailleurs.

Jour 4 :
Ulrich va refaire nos réserves d'eau dès demain. Le marais est l'endroit le plus chaud et humide de cette planète en ce moment. J'ai posé quelques pierres plates dans le fond du bateau pour aménager un foyer de fortune. On a trouvé un peu de bois sec et les castors sont emballés. Je me bats avec une toile trouvée par là et une branche à peu près droite pour faire une petite voile. Ce n'est pas gagné.
Bon je laisse tomber la voile pour l'instant. Elle fait un sac de couchage très confortable.

Jour 5 :
Tentative de briser la glace demain dans l'après-midi. A deux dans la pirogue, plus les réserves, nous devrions pouvoir sortir du marécage et avancer de quelques centaines de mètres. Il faut absolument que je pêche quelque chose.

Jour 6 :
Pas moyen de briser la glace. Rien de rien. En plus le bateau s'est pris dedans, il va falloir le sortir à la main demain au plus "chaud" de la journée.

Jour 7 :
Finalement on va rester ici. Le bateau ne bouge pas. On a de quoi tenir quelques jours, et Ulrich peut aller chercher de l'eau ou des herbes à pied. J'ai cru voir un lapin cet après-midi. Ou un autre gibier. Enfin un truc qui bougeait. On ne va peut-être pas mourir cette lune.

Lune 92, an 2 : Crac

Venteux mais ensoleillé. Température : -2°

Jour 1 :
Toujours rien. Ulrich a fini par s'énerver -et je le comprends- et taper comme un fou sur la glace avec son marteau. Rien à faire, c'est du diamant. C'est désespérant, nous sommes les marins les plus ridicules de cette pauvre planète. Après ceux qui faisaient de la pirogue en montagne, bien évidemment.

Jour 2 :
Un craquement m'a réveillé ce matin. Et un bain de pieds glacé aussi. La glace a cédé sous le poids de la pirogue. Après avoir écopé et récupéré tout ce qui était tombé, nous avons tenté de casser suffisamment autour du bateau pour le faire avancer de quelques mètres. Mais pour réellement partir il va falloir attendre la fonte. Je n'ai qu"une peur : que tout regèle pendant la nuit. Si c'est le cas nous sommes condamnés : la pirogue sera bloquée et peut-être aussi broyée. Finir en surgelé, quelle horreur.

Jour 3 :
Du poisson, du poisson, toujours plus de poisson ! J'ai à peine le temps de tremper le fil que ça mord. Apparemment sous l'eau aussi l'hiver a été rude. Où alors je suis particulièrement doué pour faire des trous dans la glace. Toujours impossible de bouger, mais la glace ne semble pas se reformer.

Jour 4 :
Comme un gigantesque nappage de sucre glace, on voit la banquise qui se craquèle jusqu'à l'horizon. Mais trêve de poésie, notre mission commence. Nous avons rangé nos nouvelles réserves (j'ai dit qu'on avait trouvé plein de poissons ?) et attendons demain après-midi, moment le plus chaud où j'espère rejoindre le marais pour que mon compagnon d'infortune fasse le plein de ses plantes magiques.

Jour 5 :
Une journée à pagayer et à casser du glaçon. Mais on a atteint le marécage. Ulrich a fait le plein d'herbes et on est repartis. Résultat on est à peine à quelques centaines de mètres au large. Espérons que cela suffira pour nous éviter d'être repris par les glaces.

Jour 6 :
Journée pagaie

Jour 7 :
Journée pas gaie. Mais du poisson à foison.

Lune... 94(?! déjà ?), an 2 : Tiens bon la vague et tiens bon le veeent hisséoooo

Orageux. Température : 2°

Jour 1 :
Passé à s'entrainer à maneuvrer la pirogue avec Ulrich. Pas de problème, elle tient la route. On est épuisés mais heureux : le voyage a enfin commencé. Il y a juste ces nuages noirs au loin. Et le vent qui a tourné. Nous verrons bien.

Jour 3 :
Je prends deux minutes pour relater les derniers évènements. Un gros orage a éclaté, et il dure depuis trois jours. Nous nous relayons à la barre mais les périodes de repos sont très courtes. Dire que nous ne sommes pas encore en pleine mer...

Jour 4 :
Nous avons accosté dans une zone marécageuse pour nous mettre à l'abri. Nous allons probablement y rester quelques jours. Tout est trempé, et une partie de nos vivres est tombée à l'eau. Nous avons tiré la pirogue dans une grotte, il faut maintenant refaire des provisions, et du feu pour tout sécher et éviter les moisissures.

Jour 5 :
Pas d'amélioration. Nous ne bougeons pas.

Jour 6 :
Les imbéciles qui ont provoqué le Crash n'ont décidément pas fait les choses à moitié. Le temps est totalement fou. L'orage est toujous là, mais perd en puissance, nous allons tenter de reprendre la mer avant le coucher du soleil.

Jour 7 :
Nous sommes environ à une lieue de la côte. Les stabilisateurs du bateau suffisent à nous empêcher de chavirer, mais nous faisons des aller-retours verticaux de plusieurs mètres. N'eût été ma conscience professionnelle qui me l'interdit, je rendrais bien mon déjeuner comme Ulrich l'a fait tout à l'heure.

Lune... 94(la vraie), an 2 : On dirait le sud

Venteux. Température : 4°

Jour 1 : La journée
de ma canne à p

Jour 2 :









[La page est déchirée ]















[Dédicace à Graciella. Son impatience est récompensée ]

Lune... 94(!? ça commence à faire beaucoup), an 2 : Le grand large

Venteux. Température : 7°

Jour 1 :
C'est décidé, demain nous tentons de nous éloigner de la côte. Les réparations doivent être testées.

Jour 2 :
RAS.

Jour 3 :
Nous continuons sud-ouest. La terre est presque hors de vue. J'ai promis à mon compagnon que nous reprendront vers l'est lorsqu'on ne verra plus la côte. Le pauvre passe son temps à surveiller chaque centimète carré de la coque.

Jour 4 :
Ulrich a rongé jusqu'à son dernier ongle. Nous virons de bord dès demain matin.

Jour 5 :
Une bonne brise s'est levée et nous avons parcouru trois lieues vers le sud-est avec un vent arrière. Jamais l'Anarchy n'est allé aussi vite. J'avoue que c'est dans ce moment qu'on se redresse à la proue et qu'on s'écrie : "I'm the king of the world !"

Jour 6 :
Nous sommes à quelques centaiines de mètres de la côte désertique. Je pense qu'on va mieux dormir cette nuit. Ulrich a filtré quelques litres d'eau. La vie est belle.

Lune 95(... non rien laissez tomber), an 2 : Mais que diable allaient-il faire dans cette galère ?

Temps calme. Température : 11°

Jour 1 :
Nous avons débarqué sur la plaine pour refaire le plein d'eau et d'herbes médicinales, et réparer ce qui doit l'être. Notre mât a bien tenu mais la bâche qui sert de voile est à recoudre rapidement.

Jour 2 :
Coup de flemme. Nous ne sommes pas repartis aujourd'hui. Après tout notre "mission" ne nous impose pas de maintenir un rythme fou. Ulrich peu soigner sa coupure à la main (je n'en ai pas parlé, il s'est blessé en maneuvrant la voile), il a trouvé de quoi empêcher l'infection. Enfin il me dit ça, moi je n'y connais rien. De mon côté je profite d'avoir du bois à foison et un sol qui ne tangue pas (quoique...) pour préparer les rations de nourriture. Le poisson sèche, la marmite bout doucement. Je suis heureux. Dommage qu'il fasse froid.

Jour 3 :
Le vent mollit un peu. Nous sommes repartis tôt ce matin, mais la pirogue n'avance plus aussi vite. Nous longeons la côte. Direction plein sud, vent de trois quart arrière.

Jour 4 :
La côte herbue a fait place à du sable. Je commence à croire que notre monde est réellement composé à quatre-vingt-dix pour-cent de désert. Toujours plein sud.

Jour 5 :
Presque plus de vent. On a sorti les rames et pagayé doucement tout l'après-midi. Voyons le bon côté, ça nous a réchauffé.

Jour 6 :
Calme plat, mer d'huile, pas un bruit. Nous n'avons pas fait cent mètres en une matinée. Cet après-midi était dédié à la couture et à l'inventaire des bagages. Ulrich sculpte une tête de chat dans la proue. il a du talent le bougre. Bref nous bullons nonchalamment.

Jour 7 :
Nous continuons à suivre la côte mais nous allons obliquer vers le sud-ouest, toujours à l'allure d'un escargot dans une cocotte minute.Que dire de plus ? Mais que diable allions-nous faire dans cette galère ? Heureusement mon matelot garde le moral et chante des chansons paillardes.

Lune 96, an 3 : Tempête...

...

Jour 1 :
Nous avançons toujours lentement, scrutant les flots et la côte dans l'espoir d'y trouver une relique utile du passé. Puisque nous suivons la côte j'ai décidé que nous passerions désormais la nuit au sec. il y a peu de chance de faire de mauvaises rencontres dans cette région du monde, et nous pourrions également envisager de petites excursions plus loin dans les terres. Nous avons donc accosté ce soir dans une crique rocheuse à l'abri du vent.

Jour 2 :
Enfin quelque chose, une forme qui flottait à une demie-lieue de la côte. Nous y avons cru. La déception a été grande : une bache déchirée et un bidon en plastique. Sans doute arrachés au désert et amenés ici par la tempête. Nous gardons tout bien entendu, le bidon renforcera le flotteur et la bache... eh bien nous verrons

Jour 3 :
Journée sans évènement particulier. Les eaux sont très vertes par ici. J'ai trouvé des coquillages, mais vu leur couleur je préfère ne pas y toucher encore. Il va falloir que je trouve un animal pour les lui faire goûter. Malheureusement nous sommes sur une plage déserte, je ne trouverai pas de cobaye aujourd'hui

Jour 4 :
Ulrich les a mangé. Les coqullages je veux dire. Je lui ai pourtant dit qu'il fallait attendre, qu'on ne savait pas s'il étaient comestibles. Cela fait une douzaine d'heures et il semble en forme. Je pense qu'il n'y a aucun danger.

Jour 5 :
J'ai entendu que Pooky avait été tuée au portes d'Arkham par un dégénéré amené par les Sénobytes. La réaction ne devrait pas trainer et ce Madrank devrait être abattu. Grande partie de pêche à deux pour nous changer les idées. On a du poisson pour cinq ou six lunes.

Jour 6 :
En pleine maneuvre, j'ai entendu l'orang-outan qui sert de chef aux Sénobytes oser justifier le comportement de son molosse. Pire, il se moque ouvertement de la mort de Pooky ! Abandonnant les commandes à Ulrich, je lui ai dit ma façon de penser. Evidemment sa bande de tarés n'a pas pu s'empêcher de se mêler de l'affaire et de m'insulter, mais je m'en fous comme de mon premier oeuf-coque. On ne se moque pas d'une Arkhamiste de valeur comme si c'était un simple zombie.
Nous avançons toujours, pas de carcasse en vue..

Jour 7 :
Dahlia et Marty ont osé s'en prendre à moi... Je suis outré. Que les simplets qu'on a engagé m'insultent passe encore, mais être rabaissé par ma propre famille pour une histoire d'intérêt stratégique... Dès demain elle va entendre ma façon de pensée cette peste. Elle se prend pour qui ? Cette XXXXXXXXX XXXXXXXXXXXX XXXXXXX[là c'est tout gribouillé]. "Anarchiste", "Libertaire" tu parles, je vais lui demander à combien elle évalue ma vie par rapport à celle d'un combattant à louer, cette XXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXX XXX XXXXXXXX XXXXXXXXX[là aussi, ça semble avoir été raturé après coup]

Lune 97, an 3 : ... dans un verre d'eau

Orage. Température : 14°

Jour 1 :
Grande et houleuse explication avec Dahlia. Ulrich se moquait de moi parce que je n'ai pas utilisé les mêmes mots que sur mon journal. Par contre saine et franche explication avec Dany the Fog. Cet homme est plus sérieux et raisonnable que sur les ondes publiques, c'est rassurant. L'incident semble clos. Nous n'avons par conséquent pas bougé de la journée.
Le temps se couvre, on va essuyer un méchant grain.

Jour 2 :
De la pluie toute la nuit et toute la journée Nous nous relayons à la barre, en scrutant la côte. Mon matelot est ravi, il remplit des outres en chantant. Nous n'avons pas accosté, mais si la pluie ne se calme pas nous devrons nous mettre à l'abri, je ne veux pas que notre coque se remplisse d'eau pendant la nuit.

Jour 3 :
J'ai parlé avec mon compagnon d''écopage de l'envoyer en exploration dans les terres. Il semble emballé, même si je sais qu'intérieurement il souffre à l'avance à l'idée de ne plus profiter de mes petits plats pendant plusieurs jours. Quelques lieues de plus vers le sud. Il est difficile d'estimer la distance avec cette pluie qui ne s'arrête jamais.

Jour 4 :
On organise la "promenade" d'Ulrich. chargé au minimum il devrait progresser rapidement. Il part demain matin.

Jour 5 :
Ulrich est parti. J'en profite pour mettre à jour mes cartes de navigation. Mine de rien on avance bien.

Jour 6 :
Appel d'Ulrich : il a fait trois lieues vers le nord-ouest sans rien voir d'autre que du sable. Il va faire demi-tour

Lune 98, an 3 : Entrée interdite


Jour 4 :
Nous longeons à présent ce qui semble avoir été un port. Militaire de toute évidence. Deux ou trois épaves rouillées de bateaux, mais rien d'exploitable. Il y a un batiment en ruine au bout d'une jetée, nous irons y faire un tour demain. J'espère juste qu'il n'y a aucune mine sous marine encore en état de marche.

Jour 5 :
Après avoir passé des rangée de barbelés rouillés nous avons pu atteindre le barraquement. Il s'agit d'un dépôt de munitions de très gros calibre. Rien d'exploitable J'ai dû me fâcher contre Ulrich qui s'amusait à shooter dans les piles d'obus. Nous avons pu prendre des tiges d'acier encore en bon état pour refaire le mât. A la dernière minute mon second a ramené de je-ne-sais-où des caisses de munitions. Aucun intérêt pour nous mais cela devrait plaire aux autres.

Jour 6 :
Ulrich soutient qu'il y a d'autres bâtiments dans les terres. Me voilà de nouveau seul. Il ne devrait pas revenir avant la prochaine lune, je vais donc suivre la côte pendant qu'il avancera en parallèle.

Jour 7 :
Ce port est vraiment gigantesque. Je suis tombé sur une nouvelle cambuse, identique à la première. Une batterie anti-aériene explosée et rouillée, de nombreux obus, mais très peu de boîtes de munitions. Et enfin quelque chose d'utile : quatre boîtes de conserve en bon état, cassoulet William Saurin format familial 5kg. En partant j'ai dû toucher à quelque chose en équilibre : j'ai entendu le bruit d'un morceau de mur qui tombait, et puis... toute la baraque a sauté. Il faut que je contacte Ulrich pour le rassurer.

Il n'a rien entendu... Une explosion de plus d'une ceintaine d'obus et il n'a rien entendu... Bon passons. Il me raconte qu'il a trouvé ce qu'il appelle un "sabre d'abordage". Cela m'étonnerait que les militaires pré-Crash aient utilisé ce genre d'arme, mais je ne vais pas le contrarier. Il a réussi à siphoner le réservoir d'un groupe électrogène hors service, et reviens donc avec deux jerricanes de pétrole, plus "un service de couverts en argent, un paire de gants de boxe et un vieux magazine porno gay "... il ramasse vraiment n'importe quoi.

Lune 99, an 3 : Ulrich au pays des merveilles

Temps : calme Température : 17°

Jour 1 :
Hurlements dans ma radio. Ulrich exulte, il avait raison, il a bien fait de partir gnagnagna y a plein de choses à voir à l'intérieur des terres. il me parle d'un pur-sang, d'armes, de matériel... impossible de l'arrêter.

Jour 2 :
Mon matelot prétends être sur le retour, il faut que je me dépêche de le retrouver, à plusieurs lieues au sud.

Jour 4 :
J'ai passé deux jours à naviguer malgré le manque de vent mais ça y est : je suis au point de rendez-vous. Il devrait arriver pendant la nuit.

Jour 5 :
Ce petit gars m'étonne chaque jour. Il a bien ramené des objets sans intérêt, et son "pur-sang" s'avère être un vieux bourrin au bord de l'apoplexie. Et pourtant... il nous a trouvé deux kilos de soufre et une besace kakie en excellent état, ainsi qu'un vieux fusil qu'il serait intéressant de nettoyer pour vérifier s'il marche. Par contre il tient absloument à faire monter son horreur à sabots dans la pirogue... je ne sais pas si le bateau supportera la charge.

Jour 6 :
Ca tient. Aussi incroyable que cela puisse paraitre la pirogue ne coule pas. Le cheval est calme, je me demande si Ulrich ne l'a pas un peu drogué. Je reste prudent, et reste à quelques mètres des quais, au cas où il faudrait plonger pour récupérer nos affaires.

Jour 7 :
Nous accostons pour la nuit. On va refaire les paquets, chercher de quoi refaire une trousse de premiers soins digne de ce nom, et je passerai le reste de la nuit à tenter de convaincre mon compagnon de route qu'un cheval n'est pas fait pour naviguer. Et surtout qu'une pirogue ne sert pas à transporter des montures.

Lune 100, an 3 : Crottin et verdure

Temps : calme Température : 21°

Jour 1 :
Le cheval était bien plus agité aujourd'hui, ce qui confirme mes soupçons de dopage. Nous n'avions pas fait dix mètres sur l'eau qu'il retournait presque notre embarcation. Résultat il a fallu revenir à terre, repêcher ce qui pouvait l'être (pas moyen de remettre la main sur le service en argent) et nous n'avons donc pas bougé de la journée. Après un tel plongeon le cheval a désormais peur de l'eau. Il broute dans son coin, se cabre quand on veut le tenir par la bride, et pas moyen de le faire approcher du rivage. La pirogue est dans un état lamentable, la voile déchirée et la plupart des paquets restés à bord sont écrasés. Et je ne parle pas du crottin. De toute façon c'est Ulrich qui nettoiera. c'est de sa faute toute cette histoire. Non mais, c'est qui le capitaine ici ?

Jour 2 :
Impossible de faire monter le cheval à bord. Il a bien fallu qu'Ulrich se rende à l'évidence : il fallait le relacher. Notre équipée continue, très allégée mais plus détendue. Cap au sud, où un pic rocheux avance dans la mer. Et derrière... Neptune seul le sait.

Jour 3 :
Nouvelle nuit dans une crique. Nous ne savons toujours pas ce qu'il y a derrière cet escarpement, mais la présence d'oiseaux semble indiquer que le territoire aride fera bientôt place à un peu de verdure.

Jour 4 :
Journée trekking. Nous avons exploré environ une lieue à l'intérieur des terres. Ou plutôt des roches. L'ascension a été pénible mais la vue une fois au sommet valait bien le voyage : une plaine s'étend en bord de mer, et la terre s'étend encore vers le sud. On aperçoit même une forêt. Nous sommes ensuite bien vite retourné au bateau. Même si la région est sensée être déserte je préfère prendre mes précautions.

Jour 5 :
Contourner ce pic s'est avéré bien plus pénible que je ne l'avais pensé au premier abord. Le manque de vent et le courant rendent pénible les maneuvres pour s'éloigner de la côte. En revanche une fois le pic dépassé nous n'avions plus qu'à nous laisser porter. Nous dormons ce soir sur un sol d'herbes désséchées, ce n'est pas encore le paradis mais cela nous change de la caillasse et du sable.

Jour 6 :
Deux lieues de plus. Nous comptons atteindre la forêt avant la fin de cette lune. J'espère pouvoir y refaire le plein d'eau. Nous nous rationnons déjà alors que l'été n'a pas encore commencé. L'herbe est un peu plus verte ici, mais souffre déjà de la sécheresse.

Jour 7 :
Aaah, le chant des oiseaux, l'ombre des arbres... Arkham et GZ me manquent. Nous allons bivouaquer dans une clairière, notre pirogue à quelques mètres. Cette clairière me rappelle celle où j'ai apporté plusieurs centaines de kilos de bois et de matériel divers pour ceux qui allaient construire GZ, il y a... des siècles. Mais je divague, ce n'est pas le moment. Je surveille le feu, Ulrich s'amuse... pardon "s'entraine" au maniement du sabre sur les branches. J'ai l'impression qu'il était temps de trouver un endroit dans ce genre, je n'aurais pas voulu qu'il lui prenne l'envie de "s'entrainer" avec moi sur le bateau.

Lune 101, an 3 : Mutinerie

Temps : calme Température : 21°

Jour 1 :
Hérissons à la pomme

Ingrédients :
-compter deux hérissons et trois pommes par personne.
-farine,
-huile de tournesol,
-sel, poivre

Peler les bestioles et les vider. Aucune arête ne doit rester. Les fariner et les faire frire à la poêle. Peler les pommes et les couper en petits dés. Ne pas hésiter à mettre du jus sur la viande pendant la cuisson. Faire cuire les pommes à la poêle dans l'huile chaude, puis les placer à l'intérieur des morceaux de viande. Les ficeler pour éviter qu'elles ne s'échappent, puis laisser à feu doux pendant une demi-heure. Saler, poivrer à sa convenance.


Jour 3 :
Nous avons beaucoup de mal à remonter contre le peu de vent qui nous pousse vers la côte. Ulrich semble découragé. Ou fatigué, je ne sais pas. Sa main semble encore le faire souffrir. Mais bon c'est lui le médecin ici. nous suivons donc la côte vers l'ouest. La forêt a disparu, faisant place à une plaine relativement verte, mais qui commence à ressentir l'approche de l'été.

Jour 4 :
De nouveau ce maudit désert se profile sur des lieues. J'ai donc envoyé ce soir Ulrich chercher de l'eau sur la plaine brûlée par le soleil avant que nous repartions pour un voyage monotone devant un paysage brun et sec. Ce soir il tire au flanc. Couché, une main dans l'eau, il regarde la côte.

Jour 5 :
Du désert du désert du désert. A perte de vue. Ulrich dort encore. Comment fait-il ça ? Nous ne ramons que quelques heures par jour, nous flemmardons le reste du temps entre deux parties de pêche. De mon côté je ne peux pas dormir, j'ai de l'énergie à revendre. Je ne comprends pas.

Jour 6 :
Je commence à croire que mon second mijote quelque chose. Il est bougon, se retourne quand je m'approche de lui... Pire, il n'a pas repris du poisson ce midi. C'est vraiment louche, il faut que je surveille ça. NB : mettre au propre ma recette de la sole piroguière

Jour 7 :
une lune décidément sans intérêt. Nous avons accosté et monté le campement près de ce qui devait être un village. Tout est dévasté bien entendu, il n'y a rien à récupérer. Les ruelles n'ont pas vu une chaussure depuis... des années ? Des dizaines d'années ? Des siècles peut-être ? Ulrich est parti visiter. Je le soupçonne de préparer un mauvais coup. Si loin de tout, je ne comprends pas ce qu'il a mais s'il cherche le conflit je ne le laisserait pas mettre nos vies en danger. La terre semble s'incurver vers le nord. On aperçoit des montagnes au loin, ou peut-être est-ce un mirage.

Lune 102, an 3 : Le corps

Temps : orageux. Température : 17°

Jour 1 :
Nous avons repris la mer. Mollement. Surtout mon second. Je trouve qu'il met vralment de la mauvaise volonté. Je ne prétends pas être le plus agréable des êtres, et je sais que ne pas voir de nouvelle tête pendant si longtemps peut être pénible, mais bouder n'arrangera pas la situation. Il halète au moindre effort, ne se tient debout que quand c'est indispensable, et ne surveille même pas son bouchon.

Jour 2 :
La côte devient de plus en plus montagneuse. Et une île se profile en face. J'hésite entre allez visiter l'île et accoster au pied des montagnes. Mon mousse... eh bien il s'en fout. Il y a des coups de rames qui se perdent.

Jour 3 :
C'est décidé, nous allons sur l'île. C'est sans doute là que le pied de l'homme n'a pas mis la main depuis le plus longtemps. Ou l'inverse, je ne sais pas.

Jour 4 :
Alors que nous scrutions la terre qui se rapproche, nous avons découvert un...cadavre si l'on peut dire. J'ai dû calmer Ulrich qui commençait à paniquer. Il est vrai qu'un cadavre à l'apparence si "fraiche" indique qu'il y aurait des habitants à proximité. Mais ce n'est pas un corps humain. C'est un... mannequin. Ou un automate. Ulrich c'est mis à hurler quand je le lui ai envoyé dans les bras, comme si je l'avais brûlé. Quelle petite nature, mannequin ou corps, c'est inanimé, cela ne va pas le manger. Il est parti bouder dans son coin. Je consigne ici une description la plus fidèle possible de l'objet :
C'est une reproduction relativement fidèle d'un corps humain, d'une centaine de kilos, dotée d'une peau en plastique qui reproduit également des vêtements. Sous cette peau le corps semble fait d'un métal très léger, un composite sans doute. Sur le torse un écusson marqué "KV-T2".
Dans le dos est finement gravé le texte suivant :
"Cavey" Personnage-test 2
Modèle KV IV cartographie/exploration/production sous météo extrême.
Zone de spawn ouest
Ne pas ouvrir. Ne pas exposer l'intérieur aux radiations.
Ne convient pas aux enfants de moins de 36 mois. Des petites pièces et des liquides dangereux peuvent être ingérés.
Propriété de la White Star & Kwaaak Corp.
5190 Spy BELGIQUE

Aucun sens.
Je l'ai remis à l'eau, il n'y a rien à récupérer dessus et je n'arrive pas à l'ouvrir.

Jour 6 :
L'île, enfin. Nous avons dû faire le tour car une partie de la côte est très escarpée. Nous sommes sur une zone de plaine très verte comparée à celle du continent. L'humidité apportée par les montagnes donne une fraicheur stupéfiante à cet endroit.

Lune 103, an 3 : L'île

Temps : ensoleillé. Température : 23°

Jour 2 :
Je suis parti explorer l'intérieur des terres pendant deux jours. Et j'ai oublié mon journal. Ulrich n'a pas voulu me suivre, il a bougonné qu'il voulait trouver de l'eau. Les falaises coupent littéralement l'île en deux. La plaine que j'ai aperçue de l'autre côté depuis la mer est presque inaccessible d'ici. En tant qu'inventeur du lieu et avec l'accord... ou plutôt le désintérêt total de mon second, j'ai décidé de baptiser ce lieu. Ce sera île du Cuisinier. En l'honneur de Bernard Loiseau.

Jour 3 :
J'ai profité de ces quelques jours de calme pour mettre mes cartes à jour. Après tout il est inutile de nous précipiter alors qu'il n'y a pas un souffle de vent.

Jour 5 :
Nous retournons sur le continent. Nous devrions accoster demain matin.

Jour 6 :
Accostage au pied des montagnes. Il fait frais. Ulrich est parti nous trouver de l'eau, il nous faut un maximum de réserves pour tenir l'été, et un terrain aussi favorable risque de ne pas se représenter avant longtemps. Nous resterons ici jusqu'à la prochaine lune.

Le soleil est couché et il n'est pas encore revenu. Je pars à sa recherche.

Lune 104, an 3 : Les montagnes du bout du monde

Temps : ensoleillé. Température : 25°

Jour 1 :
J'ai trouvé Ulrich endormi près d'un torrent très tard hier. Je l'ai ramené au campement, il m'a suivi sans ouvrir la bouche, se tenant le bras comme un gamin qui vient de se faire gronder. Ce soir je monte une expédition : nous irons (si le gamin le veut bien) nous approcher un peu plus du sommet, afin de voir à quoi ressemblent les alentours.

Jour 3 :
La promenade a duré plus longtemps que prévu. Ulrich n'est pas venu avec moi. Je crois qu'il s'est fait du mauvais sang. Mais après tout chacun son tour. Il en a profité pour faire le plein d'eau. A voir son air perdu j'ai haussé le ton pour savoir ce qui lui arrivait ces derniers temps. Il m'a avoué avoir fumé du plastique. Ce jeune file un mauvais coton. Mais revenons à notre aventure montagnarde : Je pense que notre périple vers l'ouest touche à sa fin. La montagne plonge abruptement dans l'océan. Nous allons contourner cette péninsule et revenir vers la zone de plaine.

Jour 4 :
Plein sud, le vent froid venu des montagnes nous aide à avancer. Nous avons eu du mal à contourner la pointe, mais une fois cette épreuve passée la pirogue s'est envolée. Nous devrions obliquer vers l'est d'ici demain.

Jour 5 :
Nous avons retrouvé un vent arrière efficace même si encore très faible. Le paysage montagneux défile à présent au nord. J'ai l'intention de pousser un peu plus au sud, vers la pleine mer. Le bateau a tenu en période de tempête, il tiendra par ce temps

Jour 6 :
L'expérience n'est pas désagréable. Nous sommes loin de la côte, l'horizon est plat dans toutes les directions. Mais il nous faut retrouver des repères, ou l'on risque de dériver et de se perdre.

Jour 7 :
Retour à terre. Nous avons jeté l'ancre face à une plage désertique. Le désert, encore et toujours, dans toutes les directions. Ulrich est parti à la chasse aux médicaments, pour un résultat nul. Il a bien ramassé des cochonneries comme à son habitude, mais rien de bien utile.

[Cette page est couverte de traces de doigts sanglantes]

Lune 105, an 3 : Urgences

Temps : ensoleillé, sec. Température : 27°
Jour 3 :
Nous suivons la côte vers le sud-est depuis trois jours. Le désert redevient vert.

Jour 5 :
Retour sur terre. Le terrain est plus fertile par ici. Ulrich partira faire le plein de plantes médicinales demain.

Jour 6 :
Sa main. Dire que je n'ai rien vu, vous parlez d'un capitaine. Sa blessure s'est infectée, et il ne me disait rien. Il m'a demandé de l'amputer. Je viens de vider une demi-bouteille d'alcool de betterave pour me remettre. Puis j'ai vomi. Il dort à présent.

Jour 7 :
Je veille sur mon compagnon depuis hier. Je n'ai pas dormi. Ou par intermittence. Il délire, sa fièvre ne chute pas. J'ai rangé mon "matériel de chirurgie". Ce sabre aura finalement servi à autre chose qu'à décorer. J'espère avoir suffisamment gratté la rouille. J'espère avoir cautérisé la plaie correctement. J'espère que je saurai faire ce qu'il faut pour qu'il survive. Je ne pourrai peut-être pas recommencer une chose pareille. J'ai également regardé le sac d'Ulrich. Malgré son état il a ramené pas mal de choses intéressantes.

Lune 106, an 3 : La forêt, de nouveau

Temps : pluie de cendres. Température : 25°

Jour 1 :
Un temps à ne pas mettre un hamburger dehors. le seul point positif est que nous pouvons naviguer en pleine journée sans risquer l'insolation : Le temps est couvert mais nous savons biens que pas une goutte d'eau ne tombera de ces nuages. Certains racontent même qu'ils sont toxiques, donc ce n'est pas plus mal. Mon second respire faiblement. Je crois que je finirai ce voyage seul.

Jour 2 :
Ulrich dort depuis trois jours maintenant, ne se réveillant en sueur que pour hurler après sa mère à propos d'un pouce. Je le fais boire de force, tant pis pour les réserves de cet été. La pirogue avance donc au ralenti, je vais accoster chaque soir jusqu'à ce qu'il aille mieux.

Jour 3 :
Ma victime a repris conscience ce midi. Il a même cherché à se lever. J'ai accosté dans une crique calme, dans une zone herbeuse. Je pense y rester quelques jours, jusqu'à ce qu'il ait repris des forces. On voit la forêt au loin. Si mes calculs sont bons il s'agit de la même que celle que nous avons abordé par le nord il y a quelques lunes.

Jour 4 :
Pas d'amélioration. Ulrich a à peine touché à sa soupe. Mais il me parle un peu lorsqu'il ne dort pas. D'après lui l'infection a été évitée. Il ose me féliciter pour cette horreur. soit-disant que j'aurais pu être médecin. Petit con. Si je n'était pas content qu'il aille mieux ni aussi fatigué je lui passerais un savon.

Jour 5 :
Mon matelot tient debout ! Pas longtemps, mais il tient. Nous avons navigué quelques lieues vers l'est, puis accosté. Il a réussi à se trainer jusqu'à un cours d'eau quand j'avais le dos tourné, et en a pris quelques litres. Il est en train de les filtrer alors que j'écris ces lignes. Je suis confiant pour l'avenir, et lui aussi.

Jour 6 :
Nous allons rester sur cette plaine jusqu'à la fin de la lune. J'ai laissé Ulrich seul quelques heures pour trouver du gibier. De la viande, enfin.

Je viens d'apprendre la mort de Kam. Cette vipère d'Abigail s'est encore foutue de nous. Encore une fois je l'avais pressenti. Et encore une fois j'aurais dû élever a voix. Tu nous manqueras Kam.

*note du jour 2 de la lune 112*
Fin du contournement de la péninsule qui portera désormais le nom de Crochet d'Ulrich

Lune 107, an 3 : La fin ?

Temps : venteux. Température : 29°

Jour 1 :
C'est horrib [la suite n'est que gribouillages illisibles. On reconnait les mots "Dahlia" "évident" "Graciella" "je voudrais mourir"]

Jour 3 :
L'équipage est au complet. il ne manque plus qu'Ulrich. Kam est à la vigie, Valkyrie au gouvernail. Sven se repose dans la cale, le voyage a été long pour nous rejoindre. Faye range les vivres. Je dois y aller, Lily et Gouranga sont encore en train de se disputer sur la manière de faire les noeuds. Heureusement que Graci est là. La musique adoucit les moeurs.

Jour 4 :
RAS. Le vent nous pousse à toute allure, la côte défile... toujours de la rocaille. Nous faisons de lourds efforts pour économiser l'eau, mais mon équipage ne se plaint pas.

[Lune 108, an 3 :

Temps : venteux. Température : 30°

Lune 109, an 3 :

Temps : venteux. Température : 33°

Lune 110, an 3 :

Lune 111, an 3 :

Temps : ensoleillé, pas un souffle de vent. Température : 39°

Lune 112, an 3 :

Temps : beau, mer peu agitée. Température : 35°

Lune 113, an 3 :

Temps : nuageux. Température : 29°

Jour 1 :
Cela fait des siècles que je n'ai pas mis ce journal à jour. Rien de bien exceprtionnel, pas de trouvaille qui mérite un roman. Ulrich est totalement remis de son "opération", il arbore fièrement le crochet que j'ai fabriqué selon ses instructions à partir du chandelier ramassé en début de saison ("Je te disais bien que ça allait servir etc etc"). Nous retrouvons régulièrement Rudriko qui nous fait partager ses découvertes. Le temps presse, bientôt le sud sera surpeuplé.
Chaque soir mon second prend la barre et me laisse discuter avec le Conseil. Il nous est apparu que notre combat devait prendre une nouvelle tournure. Finis les plans à deux ans, les menaces et les amoncellements de matériel en vue d'actions énormes. Le PKO doit revenir à des méthodes plus pacifiques et équilibrées. C'est incroyable mais il semble que tout le monde est d'accord sur ce point, même si j'ai remarqué quelques grognements contenus... On ne calme pas les ardeurs révolutionnaires d'un Gouranga en une petite saison. Il faut donc continuer à prêcher la voie du KO, aider les illuminés de l'"Ordre" nouvellement créé à se ridiculiser (optionnel, ils se débrouillent très bien seuls) et faire connaître notre philosophie dans chaque communauté. Pour l'instant c'est tout ce que nous pouvons nous permettre de faire, la distance nous protège de nos adversaires mais nous empêche toute action directe.

Jour 3 :
Le paysage n'a pas changé depuis presque dix lunes : désert désert désert. J'ai laissé Ulrich conduire le bateau. Il veut apprendre à se servir de sa nouvelle main. demain je prends le relais, il doit nous trouver un peu d'eau.

Lune 114, an 3 : Marine marchande

Temps : nuageux, vent modéré. Température : 27°

Rudriko me parle depuis plusieurs lunes de la communauté du Chat-rebond, dirigée par un certain Axel. Il y aurait moyen d'y échanger quelques objets et peut-être aussi de recruter des marins : Axel semble emballé par la vie de corsaire. Le Conseil appprouve mais s'inquiète du manque de place sur la pirogue. Mon second bave positivement. Je me suis donc invité sur leurs ondes pour parler chiffons. Ce sont des gens très sympathiques, mais je n'aime pas beaucoup leur humour.
Je reste méfiant, je ne connais toujours pas la position des Sénobytes et Axel semble croire qu'ils pourraient passer par là. Il me faudra de toute façon une demi-douzaine de lunes pour les rejoindre.

Lune 115, an 3 :

Temps : ensoleillé, vent modéré. Température : 29°

Lune 116, an 3 : La malédiction continue.

Temps : couvert, vent modéré. Température : 25°

Jour 1 :
Il semble que toute communauté que j'approche doive être massacrée par les pillards. Le Chat-rebond n'est plus. il semble qu'il y ait des survivants, je vais voir si je peux les aider.

Jour 2 : Rudriko va nous rejoindre très vite. Pour les rescapés du "Chat" je suis moins sûr. Ils sont deux : le Colonel Yagov et Spitfire. Ils sont poursuivis par ces sauvages, mais ont trouvé le moyen de les perdre en montagne. Espérons qu'ils pourront tenir. Valkyrie Lily et Graciella sont pessimistes quant à leurs chances de survie. Mais Sven me pousse à tenter tout de même quelque chose.

Jour 5 : rendez-vos est pris avec Rudriko. Il va falloir organiser un transfert de marchandises qui me donne la migraine à l'avance. Il a vraiment ramassé énormément de choses, et il faudra en jeter une bonne partie. Les rescaapés du "Chat" subissent les assauts d'Amandine, mais ils tiennent le coup.


Lune 117 an 3 : L'équipage s'agrandit.

Temps : voilé, vent faible. Température 23°

Jour 2 :
Nous attendons que Rudriko confirme sa position. L'équipage se tient prêt.

Jour 3 :
Changement de plan, nous devrions rejoindre Rudriko un peu plus au nord. Je suis inquiet, la zone dangereuse est proche.