L'arrivée de Pier'O

Entrant dans le bar, Gouranga amène avec lui un parfait inconnu, vêtu en cow-boy et moustachu de surcroît. Le désignant de la main, il lance à la cantonade :

-Hé les gars, regardez qui j'ai chopé en train d'essayer d's'introduire en douce par-dessus les barricades : un authentique cow-boy ! J'lui ai montré comment on crochetais la serrure d'entrée et j'l'ai invité à venir s'rincer le gosier ici, héhé. J'crois qu'on n'avais pas encore d'cow-boy parmi la brochettes d'tronches d'cake qui vivent ici, il complète bien... donc j'espère que vous f'rez tous un bon accueuil à ... heu...

La phrase de Gouranga reste en suspens, vu qu'il se rend compte qu'il ignore totalement le nom du nouveau venu. Se retournant vers lui, il lui demande :

-Dis voir, Georges Abitbol, c'est quoi ton nom ?

Pier'O regarde Gouranga en souriant sous sa moustache avant de lancer:

Moi c'est Pier'O.

Puis s'adressant à l'assemblée

Je suis nouveau venu parmi vous et bien content d'l'être si t'veux mon avis !

Puis regardant autour de lui il remarque que personne n'écoute, les gens ont prété l'oreille au début croyant que Gouranga allait dire quelque chose d'intéressant mais ils ont vite détourné le regard. Commençant à comprendre comment marchent les relations dans ce monde, Pier'O se mit à gueuler de manière à couvrir le brouhaha ambient.

Oh là bande de coyottes renifleurs de fumier ! Z'allez écouter ouais ? On vous présente un nouveau venu et vous en avez rien à cirer ?

Puis sa voie se radoucissant, il ajouta dans un large sourire :

J'disais juste que j'étais content d'être tout neuf parmi vous!

Bon j'ai soif moi ! Avec quoi donc qu'on peu se rafraichir le gôsier ici là ?

Le géant slave accoudé au bar se détourne, jette un oeil sur le nouveau venu et revient vers sa clope qui achève de se consumer dans le cendrier.

- Y'a rien de convenable à boire ici, bleu-bite... tu ferais mieux de t'y faire...

Il tire une profonde latte, recrache la fumée en savourant le plaisir rare de ces quelques giclées de nicotine.

- Alors, toi ? A part ça, qu'est-ce-que tu racontes tovaritch ? T'es venu te planquer à Arkham ou tu fais que passer ? Raconte !

- il traite qui de coyotte, le nouvel arrivant ?

Graciellä était assise à une table, devant un grand verre de jus de fruit. Il y avait trop de monde pour qu'elle aille prendre sa bouteille.
Elle toisa l'homme de bas en haut et de haut en bas. Elle était de mauvais poil alors se defouler sur le nouveau n'etait pas pour lui deplaire.

Graciellä se leva et le prit par le col

- Tu disais ? j'ai cru entendre le mot chèvre ? c'est de moi que tu parlais ? tu peux repeter ?

Tout en parlant, elle tordait le ti-shirt qui commençait à etrangler l'inconscient.

Kazed se retourne, exhibant un de ces rares sourires. Graciellä, la combattante la plus aguerrie qu'il ait eu l'occasion de croiser, faisait une démonstration de sa mauvaise humeur. Rares étaient ceux qui osaient la ramener quand elle se mettait en pétard. Et le nouveau venu l'avait chatouillée plus que nécessaire.

- Ah ! Laisse tomber Graci ! Ce paysan ne vaut même pas la peine que tu lui casses la gueule... regarde-le, il va faire dans son froc ! Ah ah...! Tu ferais mieux de t'excuser la grande gueule, ou je donne pas cher de ta peau !

- Oui tu as raison Kazed !

Elle serra juste un peu plus et lui fit une prise de judo qui envoya le nouveau au sol. Elle lui mit le bras sous la gorge mais sans appuyer et lui dit

- Il va falloir que tu apprenes le respect et tout ce passera bien !

Elle se leva et releva l'homme et alla s'assoir pres de Kazed

- Comment se fait-il que tu sois pas dans le desert toi ?

- En ce moment j'essaye de faire d'une bande de bras cassés des guerriers qui se mettront pas à pleurer après leur mère dès qu'ils prendront des coups... autant te dire que c'est pas gagné. J'ai quand même trouvé une bonne recrue, la petite Natalya... je pense que vous pourriez vous entendre d'ailleurs.

Une latte, profonde, expirée lentement. Il jette son mégot par terre et l'écrase d'un coup de talon.

- Je retourne dehors bientôt, pour quelques temps. On a toujours besoin de types comme moi, enfin ça tu le sais... ah ! Le sale boulot, toujours. Et toi chérie ? Qu'est-ce-que tu fais encore ici ?

Graciellä but un peu puis pris une cigarettte dans son sac. Elle l'alluma et tira une grosse taffe avant de répondre

- Moi toujours pareil, je defends Arkham et je me forme !Tu sais que je n'aime pas le sable, mais j'aimerais si un jour je le peux aller voir la mer, mais j'ai encore le temps !

Graciellä le regarda et lui dit

- Il est tôt ! venez boire avec nous, nous ferons connaissances dans de meilleurs conditions !

Elle lui sourit.

- Assis-toi ! je n'aime pas trop converser avec les hommes debouts !
Moi ? j'ai tout simplement...

Elle reflechit

- Je m'en souviens plus à vrai dire ! une amnesie partielle. Ça m'arrange beaucoup finalement ! Oui beaucoup de gens pensent qu'être desagreable et mechant c'est une bonne chose.. moi non, peut etre parce que je n'ai pas besoin de ça. Je prefère la politesse et la gentillesse. Mais s'il faut etre dur je sais aussi !

Elle sourit

- attends !

Elle se leva et alla vers le bar en ondulant, consciente des regards posés sur elle. Elle prit une bouteille dans un placard puis revint ondulant toujours s'assoir et posa la bouteille

- Flute ! j'ai oublié le verre ! Tu vas le prendre ?

Acte 2 scène 1 PAS MOYEN D'ÊTRE TRANQUILE...

Spiff fait son entrée côté cour (la porte du bar quoi). Sa chevelure est encore plus en bataille que d'habitude, sa barbe aussi. Chemise carotée entrouverte, il se dirrige vers le juke-box, son bébé, s'assure que la chaudière de l'appareil a de quoi tenir, calcule savament l'endroit où il va mettre son pied à la machine, exécute le dit mouvement. Un disque est sélectionné tout seul, comme ça, sans explication. Un anarchiste se met à hurler par les haut-parleurs sous fond de guitarre électrique enrhumée.

Son rituel accompli, il s'approche du bar. Ses cernes et son air encore à moitié endormi laissent sous-entendre qu'il sort tout juste du lit... enfin... de sa boîte de carton crade...

Salut les baroudeurs ! Vous nous ramenez quoi aujourd'hui ? De la viande fraîche ?

Sourire carnassier.

Intention Stanivslakienne ? Oualou. Tout le monde sait qu'il est bien trop paumé pour connaître quoi que ce soit au théâtre...

Se grattant la tête d'un air ahuri feint de piètre façon ( paumé le type, je vous le rappelle ), il soutint le regard de Graciella alors que le nouveau venu détallait la queue entre les jambes.

C'est quelque chose que j'ai dit tu crois ?

- Je ne crois pas ! mais peut-on savoir quelle blessure que l'on rouvre sans le savoir. Ne t'inquiete pas Spiff. La blessure ce n'est pas toi qui l'a faite !

Graciellä n'ajouta plus rien, mais un sentiment de tristesse l'envahit. Pour la chasser, elle se mit à chanter avec le jukebox qui lui hurlait toujours. Elle aurait voulu que Kormag soit là. Il arrivait toujours à la consoler de tout.

Mouais....

Spiff alla mollement chercher une bouteille de tord-boyaux indéfini derrière le bar et ramena deux vers. Les étalant côte à côte sur le comptoir, il versa d'un coup deux doigt dans chaque et en tendit un à Graciella tout en levant le sien.

À la douleur !