Une racaye à Arkham

La terreur des Mormons bascula la tête en arrière, humant l’air ambiant. Un sordide effluve d’urine et de transpiration avait recouvert la communauté, la drapant de dégoût. Les fenêtres se fermaient. Les écharpes couvraient pudiquement les nez.

Il était revenu. Enfin.

L’empaleur du bocage normand se rua vers l’amas brinquebalant de branchages et de tôles, pompeusement baptisé enclos. Il était là. D’abord Tariq ne le discerna pas, avachi qu’il était à même le sol de terre battue. Mais le fumet immonde qu’il exaltait ne trompait pas.

…hum…Prensa…bonne bête…hum…voilà papa…

Lorsque le son gutturale et râpeux de la voix du circonciseur dément retentit, le chameau se dressa instinctivement sur ses pattes harassés, faisant au passage craquer ses genoux.

Prensa. Voilà longtemps qu’il ne l’avait pas monté. Et voilà longtemps qu’il ne l’avait pas monté.

Le camélidé avait triste allure, ainsi recroquevillé et transis de peur. L’œil torve et le souffle rauque, il se cambra, tenta vainement de s’arracher aux liens qui le maintenaient prisonnier des hommes. Peine perdue. A bout de souffle, résigné, il baissa la croupe et les yeux. Tariq faisait de même avec son jean hors d’âge.

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D’aucun ont parfois tendance à attribuer abusivement des sentiments humains aux animaux. Mais, alors que Tariq besognait Prensa, tout observateur impartial aurait juré que la bête pleurait à chaudes larmes…

Alors que le pointeur de Ouarzazate quittait les lieux de ses ébats, couvert des senteurs pestilentielles de Prensa et la verge encore engluée de ses ardeurs, il croisa la route d’un géant. Tout de muscles vêtu, masqué d’un loup de difformité, Lobo El Loko errait en quête d’une pitance.

Le charcutier du pensionna de Chavagne le reconnu immédiatement. Non qu’il l’ait déjà rencontré. Mais la réputation de l’homme-bête l’avait précédé. Depuis des mois, Arkham jasait de ses exploits. « On raconte qu’il mesure deux fois la taille d’un homme et qu’il peut soulever des rochers gros comme lui », entendait-on en cuisine. « Sais-tu que Red Lily a perdu son œil suite à un jet de semence inopportun du monstre ? », questionnaient ceux qui croient tout savoir. « Il paraît qu’il a, d’un coup de son membre viril sur le sol, trouvé le filon de fer de Racayenne. Chaque fois qu’il se tarit, on fait appel à sa grosse foreuse… », jasaient les plus prompts à propager les rumeurs.

Le regard de Tariq s’attarda longuement sur les formes de Lobo. Ses pectoraux saillant, sur lesquels perlaient d’énormes gouttes de sueur rance. Ses épaules épaisses, ses bras taillés dans le chêne, de ceux qu’on aimerait voir nous soulever et nous plaquer au mur pour nous saillir. Son entrejambe dodu, enfin, que ne cachaient pas les hardes pudiquement apposées sur elle.

Le Kadhafi du Caucase déglutit. Il sentait sa bouche devenir pâteuse, sa conscience s’étioler…Qu’était cette sensation ? Non, il ne pouvait être amoureux…

Reprenant à force de concentration ses esprits, il se risqua à aborder l’objet de ses fantasmes.

« Hum…Lobo ?...hum…moi c’est Tariq…hum…j’ai beaucoup entendu parler de toi…hum »

* La radio crachota faiblement, laissant entendre une bordée de jurons forts agréables pour les délicates oreilles d'une Cixi, d'une Graciella ou d'une Valkyrie. Encore que non, Valkyrie, elle aimait ça, le Serbe avait pu le constater de visu lors de sa dernière aventure sexuelle avec la dingue danoise. Quand enfin la liaison pu être établie, la voix acerbe et toujours aussi désagréable de votre serviteur se fit entendre *

Salut les aminches.

Bon, j'ai 40 de fièvre, une mine affreuse et une terrible envie de dégueuler mon petit déjeuner... Quoi? Pourquoi vous demandez? J'ai fait une orgie de crack hier soir et devait y avoir une saloperie dans ce qu'Emeline m'a ramené. La salope, j'vais lui faire payer sévère lors de la prochaine séance.

Du coup, qu'est c'que j'disait? Ah ouais, j'venait vous mettre en garde contre la bestiole là. Lobo El Loko qui s'appelle. S'pas qu'elle est pas gentille, mais bon, comment dire, laissez là 5 minutes avec une meuf et il la viole jusqu'à la garde. Donc méfiance. La solution, c'est de lui construire un outil pour lui faire dégorger son p'tit oiseau. Généralement, quand c'est fait, ça s'passe bien, il fait juste que baver sur les cuisses des filles.

En dehors de ça, pas d'problème, il est très sociable. Enfin, les nuits ou il crie pas à la mort parce que Red Lily l'a laissé voilà 30 lunes. Ca, je doit reconnaitre que c'est assez insupportable pour les nerfs quand vous essayez de dormir et j'avoue qu'j'vous l'ai pas envoyé pour rien.

Mais bon, c'est pas grand chose, et il est vraiment adorable. Enfin, le laissez pas trop avec les animaux, la dernière fois, il a essayé d'me bouffer un canasson, la pauvre bestiole avait réussi à s'enfermer dans une cellule et s'était barricadé. L'a fallu 3 heures de psychologie à Emma pour réussir à la faire sortir, et encore, seulement après que Papillon ait emmené Lobo chasser avec lui.

*la radio crachote faiblement, la connexion s'interrompt avant de reprendre une nouvelle fois*

Si vous voulez le calmer, quand même, faites le taper sur des trucs. Parait qu'il aime bien ça...

HJ: formation combat pour lui SVP, merci