Quand Emeline achève une quête...

Un pâle soleil d’hiver éclairait timidement la plaine enneigée.
C’était encore le petit matin. La brise glaciale qui soufflait sans relâche et fouettait impitoyablement les trop rares arbustes ; était l’unique source d’animation sur cette terre qu’on aurait dit morte.

Pourtant au loin une silhouette se dessine et vient ajouter un peu de couleur et d’animation dans ce morne paysage. Les quelques mèches rouges qui virevoltent au gré du vent, contrastent particulièrement avec la blancheur de l’horizon.
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C’est Emeline qui s’avance d’un bon pas vers la ville de Racayenne probablement encore endormie en cette heure matinale.

Elle est coiffée d’un bonnet péruvien multicolore, bien trop grand pour elle et qui lui tombe sur le nez.
Elle a emmitouflé le reste de sa tête dans une grosse écharpe noir, si bien qu’on distingue à peine son visage.
Pour le reste elle s’est contentée d’enfiler plusieurs tee-shirts et ses anciens vêtements déchirés sur lesquels elle a depuis cousu diverses pièces de tissu et de fourrures prélevés sur des animaux. Deux grandes chaussettes rouges et noires en guise de manche, son arc et une besace bien chargée en bandoulière : voici notre belle et frileuse guerrière équipée pour affronter l’hiver et ses intempéries !

Pour autant elle n’est pas seule à devoir se protége du grand fléau saisonnier !
C’est pourquoi elle traîne derrière elle une caisse à roulette attachée à une corde. L’étrange engin constitué d’une grosse caisse métallique fixée à un skate board auquel il manque une roue bute sur la moindre élévation. Son chargement est pourtant précieux ! Il s’agit en effet de la précieuse Poupée d’Emeline qu’elle considère comme sa fille. Cette dernière a été soigneusement enveloppée dans un drap blanc, recouverte par une épaisse peau de bête puis déposée dans son brinquebalant véhicule.
Sur celui-ci Emeline a peinte avec du sang : « LANDO DEMA »
Les deux lettres A étant dessiné comme le symbole de l’anarchie qu’elle a vue reproduite des dizaines de fois à Arkham.

Kuruc, l’imposant moustachu suit cette étrange convoi d’un pas plus distant et tranquille.
Il ne se donne pas de mal pour suivre l’infernal cadence de l’étrange rouquine.

En arrivant devant les portes, Emeline se met à trembler…
Et ce n’est pas le froid qui la fait frémir ainsi mais bien la soudaine idée de retrouver Ljubica ! Dans un sens elle a toujours tenue à le revoir ! Elle veut croire qu’il est possible de l’aimer. Elle veut croire qu’il va pouvoir l’aimer lui aussi en retour, que le seul homme pour qui elle a ressenti autre chose qu’une « simple envie de baiser », peut être son HOMME…
Raisons pour lesquelles, elle vient d’effectuer ce périple éprouvant, sans broncher une seule fois.
Mais d’un autre côté, une partie de son être ne peut s’empêcher de craindre ces retrouvailles. Quelque chose en elle a peur d’être déçu, d’attendre trop de ce maudit sorcier Serbe qui a réussi à l’ensorceler.
Elle se mord les lèvres et serre le poing de rage, honteuse de pouvoir se poser des questions dignes d’une vierge naïve. Elle essaye de se ressaisir, de s’agripper à son idéal de femme indépendante et forte qui n’a pas besoin d’un mâle pour diriger sa vie.
Et puis le doux mais aussi rude souvenir du visage de Ljubica vient terrasser les bribes de résistances de la jeune femme.
Elle le veut, elle sait qu’il n’est plus qu’a quelques mètres.
Elle repense alors à toutes ces nuits d’ivresse sexuelle ou elle s’est abandonnée dans les bras d’un autre en imaginant qu’elle était dans ceux de son Serbe… Pour un peu elle culpabiliserait presque d’avoir autant trompé SON homme. Elle chasse aussitôt cette idée de sa tête. Bordel la fidélité n’a jamais fait partie de ses convictions ! Mais elle ne peut s’empêcher d’imaginer sa réaction, si en arrivant elle trouvait Ljubica endormi nue à côté d’une autre…

Une larme coule le long de sa joue tendit qu’elle frappe vigoureusement contre la porte !
Elle se met à crier en sanglotant bien qu’elle essaye maladroitement de le camoufler.

- Ouvrez nous bordel ! On a froid ! C’est Emeline, Ema et Kuruc ! Ouvrez nous…

Dans sa tête elle voit Ljubica se précipitant pour ouvrir la dernière barrière qui les sépare. Des qu’il la verrait, il l’attraperait sauvagement et l’embrasserait avec tendresse et force.

Un nouveau coup de poing rageur vient s’abattre sur la fraîche parois pour tenter de détruire cette nouvelle image, source de troubles infinies.
Ca fonctionne mais la rouquine se blesse !

Elle tombe à genoux devant la porte close et hurle de toutes ses forces…

- Ljubica ! Viens ! C'est Emeline! Viens me chercher ! Je suis là…

Puis elle se remet à pleurer, prostrée et tremblante contemplant sa main rouge…

Une goutte de sang perle sur la terre blanche...

- TCHOC!

*Vous n'aviez encore jamais remarqué le bruit mat que fait une boule de neige lorsqu 'elle s'écrase sur un visage? Etonnant. C'est pourtant un jeu fort commun chez les gamins dès que dame nature daigne se draper dans un grand manteau blanc. Tchoc disait-je donc, comme le bruit que fit une magnifique boule de neige après avoir accompli un vol plané dans les airs que Neil Armstrong n'aurait pas renié sur le doux visage d'une rouquine un peu acariatre. En l'occurence, ce doux son qui résonna longtemps à l'oreille des personnes présentes fut suivi d'un traditionnel... *

Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa!

*Qu'il faisait chaud à entendre dans ce froid glacial*

SALUT POUPEE, CA GAZE?

*Cria une silhouette noire du haut du mirrador de la prison désaffectée dans laquelle Papillon avait choisi d'héberger les murs de la petite communauté minière. *

Qu'est c'donc qu'tu fiches en bas de ces murs éventrés? Tu t'es perdu à cause de ta carte routière usagée et tu cherches l'adresse du prochain bordel pour tapiner?

Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa!

BEIN T'AS FRAPPE A LA BONNE PORTE!

20 lunes!!! 20 lunes qu'on attend affamés qu'un con pointe le bout de sa frimousse. Pour te dire, Lobo se frotte l'oiseau contre tout orifice qu'il trouve. L'autre jour, on a même du le sortir d'une serrure, Joe a mis 3 heures à lui soigner l'asticot! Alors tu penses, voir un aussi joli minois rameuter les taulards que nous sommes, nous allons te dévorer tout cru.

*S'adressant à quelque chose derrière son épaule*

Préparez vos munitions vous autres! Les renforts arrivent, accueillons les comme il se doit! C'est à dire comme des chacals!

Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa!

le vieux papillon, viens accueillir les arrivants.
- Ce n'est pas compliqué, la porte de ce bagne ne ferme pas, il suffit de pousser fort.
Il regarde avec attention l'équipage qui a fait la route depuis arkham.

- Jeune fille, veuillez excuser ce fougeux serbe, il est en sevrage depuis qu'il passe ses journées à la mine de fer.
Si vous avez effectivement l'intention de faire connaissance, plus bibliquement avec les bagnard de racayenne, il peut etre judicieux de commencer par les plus anciens, car il ont sans doute un volumineux passif a faire passer...
- et justement il se trouve que je suis le plus agé des ...


mais que vois-je, se demande papillon en s'interrompant !
ce regard qui pointe vers le serbe, sous la croute de neige !
peut être y a t'il déjà quelquechose entre vous deux, de la haine ou autre chose.
En tout cas pas d'indifférence.

Les yeux d’Emeline sont fixés sur celui du Serbe hilare de sa dernière blague. On peut y distinguer malgré la couche de vêtement et de neige une intense ardeur signe d’une haine profonde…Ou d’un autre sentiment contraire ?

Elle se retourne vers Papillon lorsque celui-ci lui ouvre la porte mais entend à peine ces paroles tend son trouble est grand.
Mais la fougueuse Emeline sait reprendre ses esprits lorsque cela devient nécessaire. Oubliant un instant le problème majeur du serbe, elle porte son attention sur l’accueillant Papillon. L’expression haineuse n’a pas changé. D’un vif revers elle envoie valser la neige et parle avec agressivité.

- Papillon ravie de te connaître mais on se léchera le cul un autre jour si tu veux bien… J’ai des choses à régler..Je suis Emeline et voici Ema !

Elle désigne son « landau » improvisé avec insistance puis poursuit.

- Inutile de me présenter l’enfoiré qui rigole là haut… Je le connais un peu trop bien ! C’es à cause de lui que je suis venu m’enterrer dans ce trou perdu ! Bref si tu veux bien il faut que j’aille lui dire deux trois mots là !

Elle commence à s’avancer d’un pas décidé puis recule d’un coup comme si elle avait oublié quelque chose d'important.

- Ha oui ! Ema ma fille chrérie qui est dans le landau ne peut pas rester toute seule et je ne peux pas l’emmener avec moi là haut ! Il y a des choses qu’une fille de son âge ne peut pas encore voir… Il va falloir que tu t’en occupes !
Je compte sur toi pour qu’il ne lui arrive rien pendant mon absence et sois sur que je t’arracherais les couilles si ça devait arriver…
Des questions?

Son expression haineuse et déterminée ne laisse aucun doute sur ce dernier point. Elle ne rigole pas !

Papillon n'en croyais pas ses yeux.
- une petite fille, c'est bien la dernière chose que je m'attendais à voir parmi le ravitaillement d'arkham !

Puis voyant qu'emeline tendais sa petite à bout de bras, pour que quelqu'un la prenne. Et que Lobo était le plus proche, mais qu'il était encore en train de machouiller son rat. Des fois qu'il ait encore faim, Papillon fit un pas en avant pour prendre le petit bout de chou avant qu'il n'attire son appétit.

*Du haut de son mirrador, le Serbe continuait à se marrer comme une baleine tandis que Papillon s'était décidé à faire maître d'hôtel plutôt que maton chafouin. Entendant les éclats de voix de la jolie rouquine, il ne put s'empêcher de huer la scène qui se déroulait quelques mètres plus bas *

Bouuuuuuuuuuuuh!!! Bouuuuuuuuuuuuuuuuh!!!

Remboursez nos invitations! Remboursez nos invitations!

Qu'est c'que c'est que cette petite mijaurée qui éructe lorsqu'elle se prends une boule de neige dans la tronche? Tiens, prends celle-là ma jolie!

*Tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiij. Ca fait un bruit bizarre les boules de neige qui volent tout de même. Surtout lorsqu'elles ne sont pas suivies de l'habituel "tchoc". *

Ah merde, manqué! Bon écoute ma jolie, plutôt que pleurnicher, viens plutôt t'la mettre ici.

Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa! Gwa!

Elle toisa avec mépris l’immonde créature qui lui faisait face et qui s’appelait LOBO. Elle ne trouva même rien à lui répondre, elle n’était pas là pour essayer de communiquer avec cette… Chose !
Sa poupée chérie était dans les bras du sieur Papillon tout allait plus ou moins bien. Jugeant que la situation était sous contrôle et que sa fille chérie ne risquait pas grand-chose, elle commença à rentrer dans Racayenne.
Bon le risque zéro n’existe pas, il y avait quand même un horrible monstre visiblement vorace, stupide et Méga Giga Carnivore à deux mètres de sa progéniture. Mais elle ne s’en faisait pas, convaincue que Papillon tenait à ses attributs de mâles virils et donc protégerait EMA comme elle le lui avait ordonné.

Elle pénétra donc dans l’enceinte de la petite ville, construite autour d’un ancien pénitencier en ruine. Quelques veilles cabanes branlantes, amas de bouts de bois et de ferrailles cloutés à la va vite, encerclaient maintenant l’imposant bâtiment partiellement écroulé, remplaçant avec les slogans libertaires, les anciens barbelés et autre grillages de haute sécurité.
Emeline apprécia tout de suite l’ambiance mais elle était toujours nerveuse à l’idée de revoir Ljubica.
Elle n’avait osé lui jeter qu’un coup d’oeil furtif, craignant sans doute de se noyer dans son regard de givre. Pourtant vu comment il avait réagit comme le plus parfait des crétins dès qu’il l’avait vu, elle avait immédiatement déterminé la stratégie à adopter.

Première étape : Foncer rapidement sur son meilleur côté et en abuser.
Ensuite seulement régler les problèmes et souffrir car la confrontation serait douloureuse certainement… Mais pour le moment il fallait pallier au plus urgent !

Ainsi elle se faufila telle une panthère vers le mirador ou était perché son amant adoré gravissant les marches quatre à quatre.

Ljubica se tenait face à elle, encore jouasse de sa dernière farce.
Elle ne se laissa qu’un instant pour admirer son visage qu’elle avait tant de fois rêvée.

Puis elle lui sauta violement dessus. Le choc fut si brutal et surprenant qu’il tomba à la renverse, Emeline sur lui.
Elle l’agrippait fermement enroulant ses jambes et ses bras autour de sa taille. On aurait put croire, tant son expression était sauvage qu’elle allait le dévorer sur place.
Ses yeux plongèrent dans les siens et il lui fallut f un effort colossal pour ne pas défaillir et l’embrasser.

Faute de quoi elle lui adressa un sourire carnassier tout en lui plaquant sa main sur sa bouche pour l’empêcher de parler.

- Tu te tais et tu me suis,c’est pas l’heure de parler ! On parlera après…
Pour l’instant on a mieux à faire ! Ha oui j’ai un petit cadeau pour toi aussi.

Dit elle avec un sourire coquin accompagné d’un clin d’œil.
Elle sortit une paire de menotte que Ljubica connaissait plutôt bien et l’attacha à son propre poignet. Elle cliqueta l’autre au bras du Serbe et afficha un sourire satisfait.
Des lunes et des lunes qu’elle attendait ce moment.


- Et maintenant mon chéri allons nous trouver un cadre plus romantique pour fêter nos retrouvailles !

Sans lui laisser le temps de répondre, elle attrapa tendrement sa main désormais prisonnière puis le releva violement et l’obligea à descendre de la tour avec fermeté, n’hésitant pas à le bousculer si ça devenait nécessaire

Elle le traîna sans ménagement vers l’ancienne prison poussa du pied la porte et entra à l’intérieur de l’édifice.
La décoration de l’ancien bagne avait été refaite à la sauce anarchiste. Ca plaisait à Emeline, il ne lui en fallait pas beaucoup plus.
Elle pénétra dans la première cellule qu’elle trouva son amant étant bien obligé de la suivre.
L’expression dans les yeux d’Emeline s’enflammait de plus en plus, une vague de chaleur incroyable la submergeait au seul effleurement de la peau de Ljubica. Elle s’empressa de déverrouiller les menottes, les laissant tomber par terre, elle envoya également valser son bonnet et son écharpe, puis plaqua SON homme avec brutalité contre le mur et l’embrassa encore plus fougueusement sans vraiment lui laisser le choix.
Lorsqu’elle retira sa langue elle le contempla longuement. Elle bouillonnait de désir. Alors que ses mains cherchaient avec vivacité la fermeture éclair de Ljubica elle lui dit avec le plus grand sérieux du monde.

- Je ne veux rien savoir pour l’instant ! Tu me traîneras dans la boue plus tard, si ça t’amuse, tu me frapperas, tu m’insulteras, tu feras ce que tu voudras de moi, vraiment mais après le sexe! Pour l’instant contente toi de me baiser! Baise moi fort et ferme ta grande gueule ! C’est tout ce que je demande ! Sinon je te jure sur la tête de ma fille que tu n’auras plus jamais l’occasion de te servir de ta bite ! Compris ?

Et la rouquine l’embrassa de nouveau tout en laissant son pantalon glisser le long de ses jambes. Elle avait pratiquement réussit l’étape numéro1 Elle avait intérêt à en profiter pleinement car la suite serait sans aucun doute beaucoup moins drôle.