Enfin soulagée, Kössok se remit en route. Elle avait fuit Arkham avec quelques compagnons pour échapper à des foudres guerrières qu'elle n'identifiait alors pas bien. Il s'agissait de préserver l'idéal pour lequel ils s'étaient tous battus jusque là, mais surtout de sauver la vie qui grandissait en elle, même si elle répugnait à se l'avouer. C'est probablement cet instinct maternel refoulé qui la poussa aujourd'hui à prendre la difficile décision du retour.
Cette petite marche dans le désert lui avait remis les idées en place. Elle n'avait pas mis un pied au dehors d'Arkham depuis une longue année, et ce retour à la nature, cruelle, sauvage et sublime, lui avait fait le plus grand bien. La vraie exploitation, c'est l'enchaînement aux outils de production, elle en était désormais convaincue. Elle avait renoncé à bien des aspects de sa personnalité pour se fondre dans le PKO, et elle entendait bien se les réapproprier.
Même si elle ne savait pas très bien à quoi elle s'engageait en rejoignant les rangs chaotiques du Z, elle était prête à prendre le risque de tout perdre pour continuer la lutte et préserver l'intégrité de son enfant. Puisque la modération et la diplomatie n'avaient réussi qu'à amener le sang, utilisons donc celui-ci, se dit-elle. On ne combat le feu que par le feu, lui avaient un jour dit ses parents, après son premier repas de chair humaine. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas mordu dans un délicieux moignon, et cela lui manquait plus que tout. Elle voulait que son enfant ait le meilleur, et elle pensait que la faction Z pouvait le lui garantir.
Accompagnée de Corazon et Darkik, elle tourna le dos à Yof et à son groupe. Après quelques mots d'encouragement, car elle leur souhaitait tout de même le meilleur, ils s'en allèrent en silence vers leur seul vrai foyer : la liberté.